Les gorges sèches fourmillent de mots étranglés.
Ils croupissent dans un désert de pensées qui leur refuse toute liberté.
L’oasis des cris est salvatrice,
Elle libère avec violence la tension latente
Et fait voler avec éclat et fracas
Les résidus de phrases qu’on n’osait proférer.

La certitude libératrice du cri est universelle
Et pourtant on l’utilise comme avec peur d’en manquer.
Il faudrait crier plus fort que son voisin,
Se fait entendre des simulacres de sourds qui nous entourent.

Notre égoïsme verbal n’a au fond que pour effet
D’exacerber notre rancœur intérieure –
Tel un démon se nourrissant de nos propres entrailles –
Un succube dont la beauté n’a d’égal que son vice.