2009 fév. 16
Loup y-es-tu ?
21:43 - Par Adrien Lambert - Lien permanent
Au son du clocher
Sous un ciel étoilé
Deux ombres se faufilent
D’une démarche fragile.
C’est au pied de l’église
Que dans la grande,
La petite s’est blottie.
L’atmosphère détendue
De ce fruit défendu
Arrache un sourire complice
Aux deux sœurs qui frémissent.
C’est depuis un jour de Décembre,
Un matin froid et aigri
Qu’elles n’ont que la fuite en tête.
A la frontière d’un monde
Est jeté un regard dédaigneux
A cet orphelinat immonde
Qui jamais n’aura été heureux.
C’était un lieu terrible
Où des tyrans abusaient de la bible
Dans une impunité divine.
L’aube a tôt fait de poindre
Que les sœurs ont à peine quitté
Cet enfer impossible à dépeindre,
Ces violences et sa sainte pitié.
C’est le moment de courir
Sans une larme, sans se retourner,
Vers l’inconnu rêvé.
Essoufflées et affamées
C’est un autre danger
Que rencontrent les sœurs
Encore en pleine torpeur.
C’était un orphelinat
Perdu au milieu des bois
Que peu osait approcher.
Soudain retentit
Un cri strident
A nous glacer le sang :
Un loup qui rugit.
C’est la faute de ses histoires
Qu’on raconte dans le noir
Si toujours il arrive malheur.
Les fillettes se cachent
Derrière un tronc d’arbre lâche,
Espérant passer inaperçu
De cet animal charnu.
C’était une vie bien remplie
Qu’avais mené le vieux loup
En ces bois, comme partout.
Il passe maintes fois
A proximité du festin
Reniflant, l’air de rien
La douceur des filles par là.
C’est à ce moment nez à nez
Que les sœurs et le loup
Se heurtent de plein pied.
Des étoiles dans les yeux.
L’un observe, les unes dévisagent
Lors d’un balai de regards nerveux
Qui laisse liberté aux présages.
C’est en se relevant
Que chacun prit conscience
Du charme de son opposant.
Le loup et ses grands yeux bleus,
Les filles et leur gueule d’ange,
S’échangèrent un sourire anxieux
Comme les deux amours de la grange.
C’est ainsi sous le choc
D’une amitié inattendue
Que prit vie leur destin.
Nul de fut mangé,
Nul ne fut chassé
Et l’histoire fut oubliée