On les imagine griffus,
Le poil fauve et hirsute,
L’œil vitreux et nu
Comme un homme du temps des huttes.

On ne pense même plus
Qu’ils peuvent être toi ou moi,
Des monstres aux dents pointues,
Mutilant avec fracas
Les rêves à peine formés
De nos nouveau-nés.

Le poignard dans le dos,
L’usine à fleur de peau,
Les avortons sont recyclés
Avant même de savoir parler.

Comment leur en vouloir ?
D’avoir peur, de ne plus pouvoir
Croire qu’encore c’est beau,
La vie de marmot.

Il ne reste plus qu’à emmener
Par la main, pour leur bien,
Ces assassins enfantins
Aux portes du plus fou des bergers,
Celui des brebis égarées.