La pièce était calme – comme noyée dans une obscurité à peine dissimulée.
Allongé au sein de la cuve inerte, la chaleur de l'eau bouillonnait en moi.
Le robinet continuait de déverser un fin filet d'eau glacée qui perlait sur ma main tendue.
Mon autre main se refermait sur un verre d'alcool qui me permettait de rester lucide.
Une flamme vacillait maladroitement sur les murs. C'était la seule source de lumière.

Perdu aux milieux des voutes, l'arche des ténèbres m'empoigne entre rancœur et violence.
Elle s'agrippe dans ma poitrine et me tire vers elle sans concession.
Son rire est froid et lointain, ses yeux roulent d'envie.
Entres anges et démons, mon corps s'arrache à la pièce.
Le voyage n'a plus de fin. Il me traine au milieu d'un flot d'âmes sans fond.

Les couloirs de lumière appellent les sens à la fuite. Noir, rouge, rien.
L'ordre n'est plus qu'un lointain souvenir. Comment ça marche un corps?
Retourné entre toi et tout, entre eux et vous, la place se faire rare.
En veux-tu en voilà, des erreurs dessus, des erreurs dessous.
Nous allons actuellement en direction de l'ellipse...

Les imperfections du néant sont à fleur de peau. On s'y reflète sans pudeur.
A tâtons dans la pénombre, nos yeux se cherchent et se répondent.
Une lueur, un brin de flegme, un visage sans nom dérive.
L'apothicaire du vide emplit mes mémoires d'une liqueur d'ébène,
La tête m'en tourne et ma raison se détourne.

On suit les tunneliers, on suit les tunneliers.
Les lambeaux en flambeaux se hissent sur notre chemin.
Un point de souvenir à l'horizon et le voyage reprend.
De plus belle, un sourire se meurt dans la confusion.
Je crois qu'un jour nous nous donneront la main.